LES JIGS
Les jigs sont des leurres compacts à hameçon simple, assez
peu utilisés par les pêcheurs français, et pourtant
ils n’ont rien de bien extraordinaire, puisqu’à la
base ce sont simplement des têtes plombées (appelées
d’ailleurs en anglais « jig head »), améliorées
au moyen de deux dispositifs : une jupe de filaments et une brosse dure
(ou élytre pour les puristes) anti herbe. Passons chaque élément
en revue.
DU PLOMB DANS LA TETE
La tête plombée a bien entendu pour première
fonction de donner du poids au leurre, afin d’en faciliter le lancer
et de le faire couler plus ou moins rapidement selon le grammage choisi.
Les poids habituels sont résumés dans le tableau suivant,
avec leur équivalence onces / grammes (1 Oz = 28,35 g) :
Oz |
1/8 |
3/16 |
1/4 |
3/8 |
1/2 |
3/4 |
1 |
g |
3,5 |
5,3 |
7 |
10,6 |
14,2 |
21,3 |
28,4 |
Les poids les plus couramment utilisés sont ¼
Oz (7 g), 3/8 Oz (10,6 g) et ½ Oz (14 g), mais on pourra choisir
un jig moins lourd pour une pêche « finesse » (eau claire,
pêche à vue, poissons méfiants) ou au contraire plus
lourd pour le « heavy cover » (pêche en milieu très
encombré, afin de perforer des herbiers denses par exemple).
Les têtes sont généralement en plomb,
toutefois on trouve également des modèles en tungstène.
Ce dernier, non polluant, possède l’avantage d’être
deux fois plus dense que le plomb, donc à poids équivalent
la tête sera plus petite ; en outre, le tungstène est plus
résonnant et transmet mieux les chocs (nature du fond, touches).
Lucky Craft a aussi lancé récemment le Graphite Jig dont
la tête est faite d’un mélange de tungstène
et de graphite, cette dernière matière dégageant,
selon ses concepteurs, une faible source de chaleur au contact de l’eau.
Enfin, les têtes plombées peuvent posséder des formes
différentes, ayant chacune ses propres caractéristiques.
Les principales formes sont les suivantes :
. Ronde : coule facilement et roule sur le fond,
bien adaptée aux postes rocailleux et aux bois noyés,
mais a tendance à se coucher sur le côté une
fois posée sur le fond.
. Football : à entendre au sens américain,
donc de forme ovoïde type ballon de rugby ; elle coule également
rapidement, mais se tient plus droite sur le fond, hameçon
vers le haut ; elle est destinée aux fonds rocailleux.
. Stand Up : plate sur le dessous ce qui lui permet
de se poser systématiquement sur le fond en position verticale,
hameçon bien dégagé vers le haut, parfaite
pour la pêche verticale sur le fond.
. Allongée : pointue, elle se faufile bien
dans les herbiers. L’oeillet sera alors sur le même
plan que l’hameçon.
. Arkie : forme polyvalente passant notamment bien
dans les bois morts.
|
Différentes formes de tête |
A noter une particularité, les « swimming
jigs », dont la tête est aplatie horizontalement, ou de forme
conique ce qui les rend très planants.
La tête plombée peut se terminer, côté
hameçon, par une protubérance destinée à maintenir
un leurre souple, nous en reparlerons.
Elle peut également être équipée
de chambres à billes, appelées « rattles »,
pour provoquer du bruit. Comme pour les poissons nageurs, cela peut être
un plus pour faciliter le repérage du leurre (en eau teintée
par exemple), mais cela peut être aussi un repoussoir en eau claire
ou sur des poissons éduqués et méfiants. A chacun
de voir selon les conditions du moment.
VOIR SOUS LES JUPES DES JIGS
|
La jupe est constituée de filaments, soit
en silicone, soit en caoutchouc (« rubber »). Le silicone
est plus raide, mais permet des coloris dégradés ou
pigmentés. Le caoutchouc est beaucoup plus mobile, mais ne
permet pas ces variétés de coloris, qui doivent alors
être obtenues en mélangeant des brins de couleurs différentes.
De nombreux coloris existent, mais les plus fréquents
sont assez sombres, à base de vert, de marron, de noir et
de bleu, éventuellement associé à d’autres
coloris comme le violet, le jaune, l’orange, le rouge. Il
existe aussi des jigs tout blancs.
Pour les bricoleurs qui souhaitent occuper les
longues soirées d’hiver, il est possible de trouver
des têtes plombées et des assortiments de jupes séparés,
qui permettent de fabriquer ses propres jigs aux coloris de son
choix.
|
DES CHEVEUX EN BROSSE
La plupart des jigs sont munis d’une brosse
dure, ou élytre, fixée sur la tête plombée
et venant protéger la pointe de l’hameçon simple.
Cette brosse fait fonction d’anti herbe, permettant au jig
de glisser sur les obstacles sans s’accrocher.
Au ferrage, la brosse s’écrase pour
permettre à l’hameçon de se piquer. Il y a bien
quelques ratés, comme en texan, mais globalement c’est
très efficace, même si cela nécessite une canne
assez raide et un ferrage puissant. Si toutefois la brosse était
trop dure et générait trop de ratés au ferrage,
il est possible de retirer quelques poils pour l’assouplir,
tout en ayant bien conscience qu’on réduit alors d’autant
le côté anti accroche du leurre.
Quelques rares modèles, comme le Cobra Jig
de Zipper, sont dépourvus de brosse, mais équipés
d’un hameçon de type texan, qui permet un montage anti
herbe du trailer.
UN 4x4 AVEC UNE REMORQUE
Bien qu’il soit parfaitement concevable d’utiliser
les jigs tels quels, il est d’usage de leur adjoindre un leurre
souple, appelé « trailer » (remorque). Celui-ci
va augmenter le volume global du leurre et rajouter des vibrations
(comme pour un spinnerbait), mais aussi influer sur la vitesse de
descente du jig. En effet, un leurre fin et de section ronde laissera
le jig descendre rapidement, alors qu’un leurre plus volumineux
et aplati ralentira la chute et donnera une action plus planante.
|
|
Le trailer a aussi pour fonction de changer la densité
globale du leurre pour rendre plus naturelle la prise en bouche du leurre
par le poisson. Un trailer imprégné de sel ou d’autres
additifs pourra en outre rendre le leurre plus attractif et favoriser
une tenue plus longue dans la gueule du poisson, ce qui facilitera le
ferrage. Outre leur impact sur la vitesse de descente, les leurres volumineux
peuvent permettre de mieux sélectionner les gros poissons.
|
Les trailers les plus couramment utilisés sont les écrevisses,
les vers, les lézards, les créatures, les leurres
de type « paddle tail » évoquant une queue de
castor (comme le Deep Cup Beaver de Megabass ou le Paddle Tail de
Keitech) ou des leurres souples spécialement conçus
pour cet usage (tel le Chunk de Yum ou le Jig Trailer de Keitech).
Des leurres souples flottants (comme les Bumpee Worm de Megabass)
peuvent être intéressants pour être plus visibles
à l’arrêt et simuler les pinces surélevées
d’une écrevisse en position de défense.
Côté coloris, on peut choisir de jouer
l’assortiment avec la jupe du jig, ou au contraire le contraste.
Dans ce domaine, tout est permis, à chacun de faire selon
son inspiration, son expérience, et les conditions du moment
(teinte de l’eau, activité des poissons…).
|
Rappelons qu’il existe également des trailers
en matières naturelles, comme les couennes de porc qu’on
peut trouver sous la marque américaine Uncle Josh.
DANSONS LA JIGOLETTE
Comment animer un jig ?
Tout d’abord, on aura intérêt à
utiliser une canne d’action de pointe bien marquée (action
rapide), assez puissante, avec un nylon de bon diamètre ou une
tresse forte. Ceci autant pour l’animation que pour le ferrage qui
devra être puissant et le combat dynamique, surtout en milieu encombré.
Au départ, rien de plus simple. Il faut comprendre
qu’un jig muni de son trailer ressemblera plus ou moins aux yeux
des poissons à une écrevisse, qui vit sur le fond et nage
à reculons. En s’en inspirant, le plus simple est donc de
pêcher sur le fond, en marquant des poses plus ou moins prolongées
puis en ramenant son leurre en le faisant glisser lentement sur le fond
ou en le faisant tressauter avec des petits coups du scion. Une pêche
à gratter en fait, très efficace quand les poissons sont
inactifs en profondeur.
Mais il faut aussi savoir que beaucoup de touches peuvent avoir
lieu à la descente. Si l’on pêche les bordures
ou les postes encombrés, où le jig excelle par son
côté anti accroche, le carnassier voit soudain arriver
dans son champ visuel une « chose » insolite en chute
libre, et il va bien souvent l’intercepter par réflexe.
C’est ce qu’on appelle un « reaction bait »,
qui fait réagir les poissons par surprise. Il est tout à
fait possible de privilégier cette animation, en pêchant
rapidement : on lance le jig sur le poste, on l’accompagne
jusqu’au fond, on donne éventuellement une ou deux
secousses, et on le ramène rapidement pour recommencer un
peu plus loin.
Le jig sera bien entendu parfaitement à
son aise dans toutes les zones encombrées, où d’autres
leurres comme les poissons nageurs sont inutilisables : herbiers
denses, bois morts, enrochements, etc On peut le lancer au cœur
de l’obstacle et le dandiner verticalement, ou encore prospecter
le contour.
Une autre animation possible est de pêcher
carrément entre deux eaux, en ramenant le jig en le faisant
onduler. Pour cela, préférer des modèles légers
et à la tête aplatie, avec une nage plus planante.
Enfin, on peut ramener le jig rapidement en gardant
le contact avec le fond, sur des postes dégagés de
type plage ou haut-fonds, de manière à lui faire soulever
un nuage de particules.
|
|
Mais tout aussi important que l’animation, la vitesse
à laquelle on va employer un jig est déterminante dans le
succès de la pêche. Par vitesse on peut entendre plusieurs
méthodes. Tout d’abord la vitesse à laquelle le jig
coule. Déterminée par le rapport entre le poids de la tête
et le volume du trailer, cette vitesse va jouer sur le temps passé
à la descente et donc le temps que le poisson aura avant d’attaquer
ou de refuser. Seuls les poissons peuvent nous guider sur le bon choix
mais quelques principes de départ facilitent les déductions.
On se base sur 2 principes : l’activité des poissons en fonction
de la température de l’eau et la clarté de l’eau.
Un bon poste à jig |
Dans une eau froide, les poissons sont peu
actifs et lents à réagir, on a donc intérêt
à leur présenter le leurre lentement. Comme bien souvent
ils se tiennent en profondeur, on choisira un jig assez lourd, mais
pour ne pas le faire couler trop vite on choisira aussi un trailer
volumineux. Dans une eau plus chaude, des poissons peuvent se trouver
entre 2 phases alimentaires et donc peut enclin a se nourrir. En
passant très vite devant eux, on peut déclencher les
fameuses attaques réflexe (« reaction strikes »).
Un peu la même réaction que vous auriez si quelqu’un
bondit hors d’un placard juste devant vous !! On choisira
donc un jig plus moyen (3/8oz) à léger (1/4oz) (fonction
de la profondeur) et un petit trailer.
La clarté de l’eau va influencer le choix du jig et
du trailer de la même façon que tous les autres leurres.
Il faut que le leurre soit visible juste assez pour être remarqué
mais pas trop pour ne pas révéler la supercherie.
En plus de la taille de la tête et le trailer, on peut apporter
quelques modifications si on estime que le jig est trop visible
:
-choisir une couleur similaire au fond ou aux herbiers, marron clair,
vert olive etc..
-Réduire la longueur de la jupe pour ne dépasser qu’à
peine de l’hameçon
-remonter le trailer au maximum sur la hampe de l’hameçon
-on peut aussi tailler en brosse la moitié supérieure
de la jupe, très efficace en été sur des poissons
difficiles et en eau claire. |
LES POISSONS VISES
Leurre à black-bass par excellence, puisque c’est
pour lui qu’il a été conçu à l’origine,
le jig n’en est pas moins très polyvalent et susceptible
d’intéresser tous les carnassiers. Son efficacité
sur le brochet en particulier n’est plus à démontrer.
Mais perches, sandres, chevesnes et silures peuvent à leur tour
succomber au charme discret du jig.
Remerciements : nous tenons à remercier Renaud
Theis (alias Ex-bass) pour son aide technique, ainsi que Guez pour le
dessin original, et les adhérents qui ont fourni les photos d'illustration:
Jean-Mi, Georges et Eric. |