LA PÊCHE AU FEMININ

(article paru dans Brochet Sandre Magazine n°52 juillet-août 2007)

Une vraie modernisation de la pêche des carnassiers est en œuvre depuis une dizaine d’années environ, avec l’explosion des pêches aux leurres en particulier. Avec leur technicité, leur dynamisme, leur sportivité et leur côté «écologiquement responsable », ces nouvelles pêches comblent bien des écarts qui les séparaient d’autres sports et loisirs de plein air et peuvent tenir tête à leur concurrence. Conséquence intéressante, de nouveaux pratiquants sont attirés vers une pêche débarrassée de cette image ringarde et passive, dont il est malheureusement difficile de se défaire. Et parmi ces nouveaux pratiquants commencent à apparaître un bon nombre de pratiquantes… Carnavenir a demandé à quelques unes de ses adhérentes et sympathisantes de témoigner sur un phénomène montant : la pêche au féminin ! Parole à Marjolaine, Naceira, Céline, Lucile et Véronique.

 

 

Comment es-tu venue à la pêche ?

Marjolaine : Mon grand-père pêchait au coup et m’emmenait souvent au bord de l’eau. Il m’a appris à pêcher au coup. Puis j’ai très vite préféré lancer les cuillères qui traînaient au fond de sa boîte à pêche, même si il n’y avait que des gardons dans l’étang !

Naceira : J'ai découvert ce loisir il y a une dizaine d'années grâce à mon mari. Il n'allait plus à la pêche. J'ai trouvé ses vieilles cannes au fond de la cave de son père et moi, n'ayant jamais pêché, j'avais très envie d'essayer (je suis assez curieuse de nature). Depuis on ne s'est jamais arrêté et je dirais même que cette activité est devenue un véritable loisir.

Céline : Depuis l'age de 4 ans dans mon Berry natal avec mon grand père, et en finesse avec mon père.

Lucile : Première expérience de la pêche au coup avec mon père quand j’étais petite. J’ai aimé l’aspect « quête du Graal » ou chasse au trésor, l’incertitude quand au résultat et l’émerveillement toujours renouvelé quand on découvre une prise. Puis il y a quelques années, découverte de la pêche sportive avec un bon copain : intoxication immédiate, le virus est très virulent…

Véronique : J’ai découvert la pêche lorsque j’ai rencontré mon mari en 1990, c’est lui qui m’a initiée à différentes techniques de pêche. J’ai commencé par la pêche au coup, puis pendant 8 ans, nous avons pratiqué la « pêche moderne de la carpe ». En 2000, lors d’une rencontre avec des membres de B.B.F. (Black Bass France) pendant un concours carnassiers au lac du Der, j’ai découvert la pêche aux leurres avec du « matériel casting ». Cela a était pour moi une révélation ; et depuis, je pêche les carnassiers aux leurres avec ce type de matériel. Il y a 5 ans, j’ai découvert la pêche de la truite au toc dans les ruisseaux du Morvan. Actuellement, je découvre le mort manié.

 

Qu’y recherches-tu ? Qu’apprécies-tu particulièrement dans cette activité ?

Marjolaine : Aujourd’hui, la pêche aux leurres est pour moi un moyen de m’évader un instant de la vie quotidienne, des études. Cela m’a aussi permis de rencontrer des gens qui partagent la même passion, d’apprendre, et de partager des bons moments au bord de l’eau.

Naceira : La détente, le bien être que l'on retrouve en étant au bord de l'eau, la nature, la patience que cela demande, le côté technique de pêche qui évolue, mettre tout en oeuvre pour réussir une bonne journée ainsi que ce côté "évolution de la pêche" qui fait que l'on est tout le temps en train d'essayer, de rechercher.

Céline : J'y recherche le calme, le repos, la sérénité. J'apprécie cette passion pour la richesse de son savoir et le partage entre différentes techniques. Et aussi pêcher la carpe la nuit au bord de l'eau.

Lucile : En premier lieu la tranquillité, l’apaisement d’une communion avec la nature et les éléments. Puis la mise en œuvre de techniques difficiles à maîtriser, le perfectionnement du geste et de la précision, la connaissance du milieu et des comportements des poissons que suppose le choix d’un leurre, d’une technique plutôt que d’une autre.

Véronique : l’ambiance nature : la pêche doit être synonyme de calme, de détente et de plaisirs ; la pêche se pratique dans des paysages sauvages, naturels et souvent grandioses. Elle autorise la « graciation » des poissons dans de bonnes conditions.

Quel est ton type de pêche préféré et pourquoi ?

Marjolaine : La pêche aux leurres !!! C’est peu contraignant d’un point de vue matériel : il suffit d’une canne, d’un moulinet, de quelques leurres et c’est parti ! J’y apprécie beaucoup l’aspect sportif, il faut beaucoup marcher, trouver le bon spot, chercher les carnassiers actifs… De plus, il existe de nombreuses façons de pêcher aux leurres selon l’endroit, le poisson recherché, la technique utilisée : depuis la recherche de la perche en streetfishing en plein cœur de Paris jusqu’à la traque du brochet dans une rivière bucolique de province. C’est impossible de s’ennuyer dans cette discipline, il y a toujours de nouvelles choses à apprendre.

Naceira : Au début je pêchais le blanc au coup ou à l'anglaise et le brochet au posé depuis le bord, puis petit à petit le brochet m'intéressait un peu plus que le reste et je trouvais que la pêche au posé était assez statique. Aujourd'hui je pêche essentiellement au lancer (en barque) et depuis peu au mort manié. C'est une pêche plus dynamique, la barque me permet des déplacements et des repérages de postes plus faciles !

Céline : Ma pêche préférée est celle de la carpe car elle offre le plaisir d'être dans la nature a 100% de jour comme de nuit mais j'aime aussi apprendre la pêche des carnassiers.

Lucile : La pêche aux leurres bien évidemment ! Faire croire au poisson qu’il est en face d’une proie potentielle et l’amener à l’attaquer grâce à une animation bien maîtrisée, quel plaisir !

Véronique : La pêche aux leurres (pour le côté « traque » des poissons) en bateau (pour le côté liberté) avec du « matériel casting » (pour toutes les sensations que procure un matériel léger adapté à la physionomie d’une femme).

 

 

Que représente pour toi la capture du poisson ?

Marjolaine : La capture du poisson est souvent l’aboutissement d’une bonne stratégie d’approche, basée à la fois sur la maîtrise du leurre, de la technique utilisée et sur la connaissance des mœurs du poisson recherché. Il y a aussi une grande part de chance et de hasard. Tout peut arriver, et il y a souvent des surprises ! C’est ce qui est passionnant.

Naceira : C'est un moment excitant car je pêche en me disant que j'utilise une technique et du matériel qui va peut-être me permettre d'attraper THE brochet, le tout bien évidemment sans le blesser. C'est aussi de l'adrénaline à chaque fois que j'ai une touche mais si tu entends par capture du poisson "pour le ramener à la maison" non, ce n'est pas mon truc. Moi, c'est plutôt "Il fait 62 cm, encore un peu jeune, il va devenir plus gros. » Puis si c'est 65 : « C'est déjà trop gros pour un repas à deux à la maison... alors on met à l'eau ! »

Céline : Cela représente beaucoup pour moi : la réussite d'avoir mon poisson dans les bras, le moment que l'on vit ensemble même s’il est court, la photo souvenir pour marquer notre rencontre, la joie, le bonheur, l'extase qu'il m'apporte mais aussi la joie de la remettre a l'eau et de le voir partir. Ça me fait chaud au coeur de partager ces instants avec mes amis ou d’autres pêcheurs.

Lucile : C’est la cerise sur le gâteau, la preuve que mes choix étaient les bons à ce moment là. Adrénaline maximale au moment du ferrage et du combat, respect du poisson et no-kill quasi systématique.

Véronique : La récompense de tous mes efforts : se lever de bonne heure ; supporter la pluie, le vent, le froid ou le soleil (et mon mari !!). Et finalement, après l’avoir recherché (« traqué ») parfois pendant des heures, cette décharge d’adrénaline dans le poignet au moment de la touche. Les émotions pendant le combat et les joies de la capture. Et surtout les plaisirs de la remise a l’eau : avec l’espoir d’une prochaine « rencontre ».

 

 

Tes techniques, matériel et leurres préférés ?

Marjolaine : Pour la perche, je préfère les petits jerkbaits type Bevy Shad de chez Lucky Craft ou Jade de Smith. Pour le brochet, le spinnerbait en powerfishing me permet de prospecter rapidement en pleine eau ou dans les obstacles pour trouver les poissons actifs. Quant au black-bass, je préfère les leurres de surface. C’est une pêche vraiment fun, et l’attaque est souvent spectaculaire !

Naceira : Je ne suis pas spécialement branchée "matos dernier cri", l'essentiel pour moi étant d'avoir du matériel qui me correspond, avec un rapport qualité/prix sympa pour mon porte monnaie. C'est mon mari qui choisit pour moi en me consultant bien évidemment pour ce qui est des cannes. Mon leurre : le Rapala J13. C'est mon fétiche pour l'instant ; faut dire qu'il m'en a sorti, celui là ! Sinon pour les moulinets, ce sont des"Luxor" (oui je sais, c'est vieux mais comme ça marche bien !!) Je ne voulais pas croire mon mari quand il est venu avec ça mais j'ai vite changé d'avis après les avoir essayé. Ma dernière canne (vive la fête des mères !) est 2 m10 de chez Pacific Pêche.

Céline : Pour la pêche au carnassier, je n’utilise pas de matériel bien spécifique pour le moment : des leurres Rapala, et une canne souple multi usage pour la mer et l’eau douce.

Lucile : Le power fishing, car pas de temps morts, la concentration est constante : identification rapide des meilleurs postes, dextérité dans le lancer (prise de risque maximale tout en évitant de se bourrer dans la berge…), animation prête au ferrage, récupération rapide et anticipation afin de ne pas rater la fenêtre suivante. Mon ensemble préféré : une canne casting Arrival 6’8’’ puissance 3/8 – 1.1/2oz de chez Major Craft avec un Zillion 6.3. Pour le skipping, j’utilise la Frazer Black Feather 6’ puissance 1/8-3/8oz avec Daiwa Ignis. J’aime aussi beaucoup la Thunderstick 6’ 7/21g de chez Daïwa et quand, en plus, je peux piquer le Calcutta DC de mon binôme, je suis heureuse !!! Sur toutes mes cannes : tresse Powerpro 13 ou 15/100 et bas de ligne en fluoro, de 25 à 70/100 (pour le brochet). Mon leurre préféré : le spinnerbait. Il se lance bien, passe quasiment partout et intéresse autant les black-bass que les perches ou les brochets. Ce qui ne m’empêche pas de m’éclater avec les autres leurres selon les conditions de pêche bien sûr !

Véronique : La pêche avec du matériel casting et de très nombreux leurres (stickbaits, poissons nageurs, spinnerbaits, jigs, leurres souples salés...). Cannes casting GL2 et GL3 de Loomis + moulinets casting américains (Rick Clunn : ILH XPS de chez Bass Pro Shop). Canne spinning Cherrywood de Berkley + moulinet Stradic 2500 de Shimano. Mes leurres préférés sont : le Deka –hamakaru (DHK 94) d’Illex, le Senko de Gary Yamamoto et le Sammy de Lucky Kraft. Ma pêche préférée est le black-bass aux leurres de surface en été (Senko en skipping), émotions garanties.

 

Selon toi, pourquoi n’y a-t-il pas plus de filles à la pêche ?

Marjolaine : La pêche à depuis toujours été associée à un loisir typiquement masculin, il serait tant que ça évolue ! Mais ce loisir souffre encore aujourd’hui d’une image ringarde. Lorsque l’on parle de pêche, les non-pêcheurs imaginent souvent qu’il s’agit d’empaler un ver sur un hameçon et d’attendre des heures que le bouchon plonge! Alors évidemment, ça en rebute plus d’un et surtout plus d’une.

Naceira : Je pense que c'est un monde"gentiment macho". Lors de certaines sorties j'ai bien senti que certains me considéraient comme étant « la femme de celui qui pêche et qui profite du beau temps pour faire bronzette » ! Pourtant je pêche par tout temps du début à la fin de la saison, enfin, dès que je peux. Un jour quelqu'un m'a dit (merci Yves !) qu'une femme qui pêchait était un peu garçon manqué dans l'âme je crois que c'est vrai ! Je ne suis pas vraiment capable de répondre à cette question en fait : je crois qu'on vit dans une époque où chacun est encore à sa place homme/femme, chacun son "truc". Il faut bousculer ce genre d'idée et je me fais une joie de remettre ça en place en parlant de ma passion autour de moi ! On finit par me prendre au sérieux !

Céline : Plein de paramètres rentrent en ligne de compte pour qu'il n’y ait pas beaucoup de femmes à la pêche, la famille, la maison… Il faut de la patience pour leur apprendre, il faut les amener à un certain moment de la saison pour que cela leur plaise. Les bestioles (araignées, serpents), la boue, la poisse des poissons font que des bien des femmes ne sont pas attirées par la pêche, mais depuis les années 2000, elles ont plus envie d’aller à la pêche ; on peut aussi se rendre compte que la gent masculine commence à apprécier leur présence : elles apportent des connaissances et des savoir faire différents, et complémentaires.

Lucile : C’est traditionnellement et culturellement une activité plutôt réservée aux hommes. Même si des femmes y prennent plaisir, l’arrivée des enfants sonne souvent le glas de cette activité qui demande du temps et des moyens. Mais le problème est le même avec les autres loisirs des femmes qui sont souvent mis de côté pour s’occuper des enfants ; je pense que les hommes, plus « égoïstes » arrivent mieux que nous à sauvegarder ces précieux moments de liberté personnelle.

Véronique : Il arrive parfois que l’on aperçoive au bord des rivières une silhouette féminine. Chaque année les femmes sont un peu plus nombreuses au bord de l’eau. Mais il n’est pas toujours facile de se lancer dans un loisir où les hommes règnent en « maîtres ». Il existe en France une demande féminine pour de la pêche. On trouve des traces de cette demande essentiellement dans les revues de pêche (articles, photos, témoignages,…), certains clubs de pêche comptent parmi leurs adhérents, des femmes, généralement en très petit nombre (Carnavenir, B.B.F.). Peu de fabricants pensent vraiment aux femmes : essayez de trouver des waders pointure 36-38, où vous n’avez pas l’air « ridicule » ; des vêtements pêche autre que kaki ou « camouflé » (la pêche c’est pas la guerre), et heureusement que la mode est aux cannes courtes car bonjour le poids des « braquets » de 3m utilisés il y a encore quelques années.

 

Et que faudrait-il faire pour amener plus de filles vers la pêche ?

Marjolaine : Continuer à développer la pêche sportive qui séduit toutes les générations et véhicule des valeurs positives pour l’image de la pêche (respect du poisson et de son environnement…). Je pense qu’il faut montrer plus de filles qui pêchent dans les médias (magazines, vidéos, publicités, internet…) et dans les compétitions pour créer un appel. Que les grandes marques de la pêche lancent aussi des gammes adaptées aux filles, sans aller jusqu’au cannes rose bonbon qu’on trouve sur certains sites américains…

Naceira : En parler, en parler et en parler, mais je ne suis pas encore sûre que cela fonctionne… Je me souviens que dans mon collège ils avaient organisé un stage spécialement pour les filles afin de faire découvrir les filières techniques. Cela avait marché pour moi, j'ai fini par faire un BTS en productique puis finalement j'ai fini prof car ce monde était trop fermé, trop "macho", alors… Personnellement, dès que j'ai l'occasion d'en parler avec des enfants j'en profite : c'est eux l'avenir !

Céline : Il faut leur parler de cette passion de manière positive, parler de la nature, des choses merveilleuses que l'on y vit, les amener à la bonne saison, faire sentir l’adrénaline que ça procure d’avoir son poisson dans les mains, prendre le temps d’expliquer les montages et les techniques, les encourager avec patience, et plein d’autres choses !...

Lucile : Déjà leur donner l’occasion de découvrir l’activité, puis leur permettre d’avoir du temps pour la pratiquer mais comme je le disais, ce n’est pas évident à concilier avec une vie familiale souvent déjà bien remplie…Alors, messieurs, organisez vous pour faire garder les petits et emmenez madame avec vous pour partager ces moments remplis d’émotion. En ce qui me concerne, vive la garde alternée et le float-tube !!!

Véronique : Les raisons qui peuvent attirer les femmes à la pêche sont multiples : paysages sauvages, technique de pêche « propre », capture de poissons magnifiques, graciation des poissons dans de bonnes conditions, adresse et compétences techniques, pas ou peu de force physique nécessaire… La pêche doit bénéficier d’une image attrayante, propre et conviviale. Les femmes sont plus sensibles que les hommes à l’ambiance nature : la pêche doit être synonyme de plaisirs, détente et calme. Aux Etats-Unis, en particulier, la pêche féminine à la mouche et la pêche féminine du black-bass sont organisées et chacun peut y trouver sa place. Il n’est peut-être pas inutile de prendre comme base de réflexion, ce qui existe hors de nos frontières, pour tenter ensuite une adaptation aux réalités françaises. Toutes ces raisons incitent à chercher les moyens de proposer à tel ou tel public féminin, des produits adaptés à ces attentes. Les femmes recherchent des stages de pêche où elles peuvent se retrouvent entre elles (plus de calme et moins de misogynie), où on leur explique de façon simple, sans compliquer pour rien, les bases de la pêche, où on ne se moquera pas continuellement de leurs réactions face aux appâts, aux poissons et autres « bestioles » dans la nature. Par exemple, en 1996, la Maison Départementale de la Pêche des Côtes d’Armor a lancé pour la première fois en France, un programme expérimental d’animations pêche en direction des femmes. Pourquoi en France est il si difficile pour certains « dirigeants halieutiques » de « copier » ce qui marche dans d’autre départements ou pays ?

Machistes les pêcheurs ?

Marjolaine : Non, absolument pas ! J’ai toujours été bien accueillie au bord de l’eau. La plupart des pêcheurs se réjouissent de voir une fille qui pêche et m’encouragent à continuer.

Naceira : Oui, "gentiment machos", mais je ne désespère pas car je continue à en parler autour de moi et je vois que de plus en plus de gens me prennent au sérieux donc c'est que cela commence à porter ses fruits.

Céline : Oui et non… Les mentalités dans le monde de la pêche changent et souvent les hommes demandent à voir plus de femmes au bord de l'eau pour la complémentarité et pour partager une passion commune, c’est un pas vers une future pêche mixte. Il existe bien sûr quelques réfractaires, mais ils ne freineront pas cette évolution.

Lucile : Une fille à la pêche, ça se remarque ! J’ai souvent dû supporter le regard incrédule voire goguenard des pêcheurs au coup devant lesquels je passe dans mon float-tube mais parmi les pêcheurs aux leurres que je connais, pas de machistes ! Ils sont tous enchantés de voir une fille à la pêche.

Véronique : Beaucoup de pêcheurs rencontrés trouvent génial que je pêche avec mon mari et que, partageant notre passion, nous partions ainsi souvent en « week-end pêche » ; mais pourtant très peu ont fait découvrir et aimer la pêche à leur femme ou leurs petites amies. Pourquoi des « hommes » prêts à partager leur passion le font si peu avec des « femmes » ? Et un « peu de tendresse dans ce monde d’homme » ne ferait pas de mal. Alors peur infondée des femmes, peur de perdre un moment de « liberté entre copains » ou de découvrir que les femmes peuvent être meilleures qu’eux dans un loisir qu’ils croyaient leur être réservé, ou bien un véritable machisme des pêcheurs ? A chacun d’entre eux d’y réfléchir ! Mais l’avenir de l’homme et la pêche passe par la femme !

 

Quelle évolution souhaites-tu pour la pêche ?

Marjolaine : Bien sûr voir plus de filles au bord de l’eau, et plus de pêcheurs en général. Cette démocratisation de la pêche ne peut se faire sans une amélioration de la gestion des étangs et rivières, souvent victimes du braconnage et autres abus.

Naceira : Je dois avouer que ma "sensibilité" au niveau réglementation de la pêche est toute fraîche (c'est la raison pour laquelle j'adhère à Carnavenir). J'ai pris conscience qu'il fallait impérativement que le peu que l'on trouve dans la réglementation soit appliqué. Ensuite, et là je rejoins totalement Carnavenir, "développer un comportement responsable des pêcheurs", leur faire comprendre en quoi le respect du poisson est important, en quoi c'est important de limiter les prélèvements. Enfin le problème des mailles : chez moi actuellement la taille minimale du brochet est de 60 cm, cela me paraît juste, et pour les autres espèces aussi. Mais il y a tellement à dire sur la pêche...

Céline : Mon souhait le plus cher est que se réalise l'entente entre tous les pêcheurs des différentes techniques, qu’ils apprennent à se connaître et à se respecter. Nous appartenons tous au même univers, à la même passion à défendre. J’aimerais que ce ne soit pas trop utopique…

Lucile : Des mesures de protection plus strictes : mailles augmentées et quotas de prises, assorties de plus de contrôles effectifs sur les lieux de pêche afin que les viandards et les braconniers ne puissent plus épuiser le milieu impunément, et compromettre l’avenir de la pêche. Aujourd’hui, faire appel au sens moral ou à la raison des pêcheurs n’est pas encore suffisant, et c’est bien dommage. Heureusement, des changements se font sentir, les mentalités bougent, notamment grâce à l’arrivée de jeunes pêcheurs qui cherchent à s’amuser et pas à se nourrir, grâce à la compétition, et grâce aux filles, qui semblent avoir beaucoup moins l’esprit « prédateur » de bien des hommes !

Véronique : Pour moi, l’avenir de la pêche en France est très mal parti ! La pêche est seulement considéré comme un loisir mal apprécié et non comme un sport attractif et plein d’avenir. Les gestionnaires de la pêche en France ne savent pas évoluer pour répondre à la demande et aux envies des gens : les techniques de pêche pratiquées ont changé, mais pas leurs mentalités. Les réglementations sont dépassées. Pas assez de contrôle et beaucoup trop de pêcheurs qui ne respectent rien : ils tuent la pêche et n’en ont rien à « f… ». C’est à cause de gens comme eux que mon mari dit que je suis devenue une « intégriste » de la remise à l’eau des poissons. Si je pouvais changer quelque chose dans la pêche en France : création de parcours sportifs en « no-kill » avec de nombreux contrôles afin de maintenir des populations piscicoles qui permettent la pratique de pêches attractives par le nombre de prises. Les gens veulent des technique de pêches actives (mouche, leurres...), et surtout prendre du poisson. La création et la gestion de parcours poissonneux pour pouvoir les intéresser à la pêche ; ainsi que des écoles et stages de pêche encadrés par des professionnels. Les bénévoles, peu nombreux, bien que motivés, ne peuvent plus répondre aux demandes des gens qui souhaiteraient découvrir la pêche ou s’initier à certaines techniques. Il faut initier les gens, et les pêcheurs, au respect de tous les poissons. Pour finir, un conseil aux femmes : ne restez plus de simples « accompagnatrices au bord de l’eau » ; découvrez quelles techniques vous font le plus plaisir et venez vous « éclater» à la pêche !