Une étude sur la situation du brochet dans le Val d'Allier

[Chamane51]

BELLERIVE-SUR-ALLIER

samedi 18 septembre 2010 - 16:00 La Montagne
Le brochet, plus surveillé que jamais dans l'Allier
brochet allier

Après deux années d'étude, les résultats obtenus sur la santé des populations de brochet du val d'Allier montrent une situation plus que précaire.


Le brochet est le plus grand poisson prédateur naturel de nos eaux douces.

En rivière comme en lac, son rôle écologique est important puisqu'il permet de réguler les populations des plus petites espèces. Ce poisson est également d'un grand intérêt halieutique, tant pour la pêche de consommation que pour la pêche dite sportive.

Or, dans les grands cours d'eau, la reproduction du brochet et le maintien de ses populations sont menacés depuis de nombreuses années.

Cette espèce est exigeante pour la sélection de ses zones de reproduction. Les bras morts ou boires, qui sont les anciens bras abandonnés par le cours d'eau, sont les seuls endroits où le brochet trouve les conditions optimales pour sa reproduction.

Or, ces zones humides ont aujourd'hui énormément régressé suite aux nombreuses activités humaines le long des fleuves.

ETUDE ENTRE BELLERIVE ET BILLY

Dans le cadre de l'évaluation de la dégradation de ces milieux aquatiques, ou pour mesurer l'impact des programmes de restauration et de reconquête de ces zones humides, la présence du brochet et surtout la santé de ces populations semblent être un excellent indicateur pour les scientifiques.

C'est dans cette optique que, depuis 2008, une équipe d'écologie aquatique du LMGE (laboratoire Microorganismes : génomes et environnement) de l'université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand, soutenue par le conseil général de l'Allier et la Fédération départementale de Pêche et de protection des milieux aquatiques, développe une méthode de capture et de suivi de la population de brochets de l'Allier, entre les communes de Bellerive-sur-Allier et Billy.

En couplant plusieurs techniques de pêche aux filets et de pêche électrique, les scientifiques capturent les brochets puis les marquent à l'aide d'une fine bague et d'un tatouage. Chaque individu est ainsi identifié, pesé et mesuré. Des calculs statistiques basés sur le taux de recapture des poissons marqués permettent ensuite d'estimer la densité de la population sur le secteur étudié.

RÉSULTATS ALARMANTS

Après deux années d'étude, les résultats obtenus sur la santé des populations de brochet du Val d'Allier montrent une situation plus que précaire.

« Les densités observées sont inférieures à un brochet adulte par hectare de rivière », explique Jérémy Sauvanet, doctorant en écologie aquatique à l'université Blaise-Pascal.

Ces valeurs sont en dessous de ce que l'on attend pour une grande rivière alluviale comme l'Allier. Autre phénomène notable, la fragmentation de la population qui se traduit par une concentration des individus sur certains secteurs encore favorable de la rivière, d'où une forte disparité des densités observées.

Plusieurs hypothèses peuvent être avancées. Une exploitation trop importante de l'espèce par la pêche et une réglementation trop peu protectrice pourraient expliquer la faiblesse des populations. Mais ce phénomène ne ferait qu'aggraver la cause principale : le manque de zones de reproduction favorables. En effet, si certaines boires jouent encore un rôle privilégié pour la reproduction du brochet et doivent être protégées, la plupart ne semblent pas offrir les conditions optimales pour la reproduction de cette espèce.

Les indications fournies par cette étude peuvent donc être d'une aide importante pour l'orientation de futurs projets de restauration ou de gestion de l'espèce et de son habitat. Le suivi de la santé des populations de brochet pourrait ainsi devenir un indicateur du bon fonctionnement écologique de nos grands cours d'eau.
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