La pêche des carnassiers à la mouche se développe progressivement chez des passionnés qui trouvent là de nouvelles sensations. En effet, outre la sensation du lancer fouetté et l’ondulation incroyable des gros streamers, il faut reconnaître que le plaisir de sortir un poisson combatif avec une canne à mouche n’a pas son pareil.

 

 

Ainsi, après avoir été longtemps l’apanage de la recherche de la truite et du saumon, la pêche à la mouche s’ouvre aujourd’hui à la plupart des espèces de poissons, carnassiers ou non : poissons blancs, carpes, chevesnes, perches, brochets, sandres, black-bass, bars, et même les poissons tropicaux tels bonefish, redfish ou tarpons. Nous nous intéresserons aujourd’hui uniquement à nos carnassiers préférés.

La canne

Pour les carnassiers de petite taille (perches, petits chevesnes…), un matériel classique pour la truite est tout à fait utilisable : canne de 8,6 ou 9 pieds (soit 2m55 ou 2m70, un pied faisant 30,48 cm) pour soie 5/6.
Pour les carnassiers de taille intermédiaire et plus combatifs (gros chevesnes, black-bass, bars…), pêchables avec de plus gros leurres, un matériel " réservoir " un peu puissant est généralement suffisant : canne de 9 pieds pour soie 7/8.
Enfin, pour les gros poissons (brochet, saumon, gros bars…), un matériel spécifique est nécessaire : canne de 9 ou 10 pieds, éventuellement à double poignée, pour une soie de 8 ou 9, capable de lancer de gros streamers et avec une importante réserve de puissance.

Les cannes peuvent avoir plusieurs types d’action, selon la partie du blank qui travaille lors du lancer : action de pointe (seule la pointe du scion plie lors du lancer, donnant une action rapide), action semi-parabolique, action parabolique (c’est quasiment tout le blank qui plie, donnant une action plus lente mais plus douce) et action progressive. L’action correspond à la capacité de la canne à restituer plus ou moins rapidement l’énergie que le lanceur lui a conférée.

Pour les cannes à " gros poissons ", il existe de magnifiques modèles haut de gamme, mais à des prix qui laissent songeurs : comptez environ 600 à 800 € en moyenne ! Mais vous pouvez trouver des prix plus abordables, avec des modèles entre 200 et 300 € , d’un très bon rapport qualité-prix. Vous pouvez également regarder les occasions.

 

 

Le moulinet

Mêmes observations que pour la canne, tout dépendra des poissons recherchés. Dans tous les cas, le poids est à prendre en considération, afin que le moulinet équilibre au mieux la canne.

Les moulinets mouche classiques, avec frein à cliquets, conviendront parfaitement pour des carnassiers de taille moyenne (ils servent en fait principalement de réserve de fil).

Mais si vous vous attaquez aux grosses pièces, il est indispensable de s’équiper d’un moulinet qui possède les caractéristiques suivantes :

  • large bobine et moyeu surdimensionné pour une récupération plus rapide ;
  • frein à disque puissant et progressif ;
  • d’une bonne contenance (au moins 100 m de backing)

Si vous comptez pêcher régulièrement en mer avec, vérifiez la présence d’un traitement anticorrosion. Ce qui ne vous évitera pas la traditionnelle séance de rinçage à l’eau douce.

Côté prix, on retrouve les mêmes écarts que pour les cannes : les grandes marques restent difficilement accessibles au commun des pêcheurs avec des prix allant de 250 à 700 € le moulinet. Mais vous pouvez trouver des modèles plus abordables tout en conservant une bonne qualité, pour environ 100 à 250 €.

La soie

Avant de parler de la soie elle-même, garnissez votre moulinet avec une bonne centaine de mètres de backing, de façon à ce que la soie arrive à quelques millimètres du bord de la bobine.

 

La soie doit d’abord correspondre à la puissance de la canne que vous avez choisie, du numéro 5 au numéro 9 en fonction du poisson recherché (voir le § canne). Cette numérotation correspond en fait au poids des trente premiers pieds, pointe exclue (soit 9,14 mètres).

Mais elle possède également d’autres caractéristiques, quelque peu difficiles à appréhender pour un néophyte de la mouche et que je vais essayer de vous expliquer aussi clairement que possible.

Il existe différents types de profil de soie, qui vont déterminer la répartition du poids de la soie et donc le type de lancer :

- La soie parallèle (L pour Level), c’est-à-dire que le diamètre est constant d’un bout à l’autre et le poids uniformément réparti. C’est une soie difficile à lancer, réservée aux petites rivières, pour pêcher sous la canne uniquement.

- La soie double fuseau (DT pour Double Taper) : les extrémités sont fines et identiques, le centre est plus épais. Profil parfait pour les lancers courts à moyens et des présentations discrètes. Cette soie peut être retournée sur le moulinet lorsqu’elle usée (comme de la tresse).

- La soie à fuseau décentré (WF pour Weight Forward) : le poids est décalé vers l’avant. Ce profil facilite les lancers longs et rapides. Evidemment, elle doit impérativement être montée dans le bon sens sur le moulinet, lisez bien les instructions…

- La soie à fuseau triangulaire (TT pour Triangle Taper) : le poids est également décentré vers l’avant, mais le profil est décroissant en forme de triangle, c’est un compromis entre DT et WF.

- Des profils spécifiques qui sont des variations des profils décentrés.

Le choix de la soie est déterminé en fonction de l’action de la canne employée : préférer un profil DT pour une canne à action parabolique, et inversement un profil décentré type WF pour une action d’action de pointe.

Ensuite, selon leur densité, les soies sont soit :

- Flottantes (F pour Floating)

- Intermédiaires (I pour Intermediate)

- Coulantes (S pour Sinking) ; un numéro suit généralement, pour préciser la vitesse et la profondeur de coulée (S2, S3…)

- Flottantes à tête plongeante (F/S pour floating/sinking)

La pêche des carnassiers à la mouche se pratique plutôt à la belle saison, dans des eaux peu profondes et au-dessus des herbiers. Optez donc pour une soie flottante. Toutefois, si vous souhaitez pêcher dans des eaux plus profondes, ou en hiver quand les poissons se tiennent sur le fond, ou pour traquer le sandre, choisissez une soie plongeante.

Disposer de 2 bobines de moulinet vous permet de monter une soie flottante sur une bobine, une soie coulante sur l’autre. Malheureusement, les moulinets sont rarement vendus avec une seconde bobine en série. Une solution de compromis peut alors consister à opter pour une soie flottante, et d’acheter des modules plongeants S2 à S5 qui se raccordent boucle dans boucle à la pointe de la soie.

L’ensemble de ces caractéristiques donnent le code qui figure sur chaque tresse. Une DT5F est donc une soie n°5, de profil Double Taper, flottante. Une WF9S est une soie n°9, de profil Weight Forward, plongeante.

Le bas de ligne

A la différence de la pêche de la truite à la mouche, pour les carnassiers et surtout pour le brochet, il est inutile d’avoir des bas de ligne progressifs. Un simple nylon d’environ 40 à 60 centièmes, d’une longueur de 2m/2m50, convient parfaitement.

Le raccordement de la soie et du bas de ligne peut se faire soit au moyen d’un nœud, soit grâce à des connecteurs (" chaussettes ") qui s’enfilent à l’extrémité de la soie et auquel on raccorde son bas de ligne, boucle dans boucle.

Pour le brochet, terminez l’ensemble par 30 cm de crinelle d’acier. Vous pouvez toutefois préférer un morceau de nylon ou de fluorocarbone de fort diamètre (60 centièmes) qui résistera aux dents acérées.

Les leurres

Pour le bass, la perche ou le chevesne, vous trouverez des mini poppers, des imitations d’insectes (sedges, bombers, libellules, sauterelles…), des petites grenouilles, des petits streamers, des écrevisses ou des alevins (" minnow ") en epoxy.

Pour le brochet, les mouches utilisées sont de gros streamers montés sur des hameçons 4/0 à 6/0, réalisés avec du lapin ou des matériaux synthétiques modernes. Privilégiez les couleurs claires : blanc, jaune, orange, rouge.

 

 

De nombreux modèles comportent des dispositifs anti-herbes souvent constitués par des morceaux de nylon de fort diamètre entre la hampe et la pointe de l’hameçon.

La technique

Inutile de vouloir faire des fioritures. Apprenez à maîtriser le lancer droit et si possible la double traction, cela suffira amplement. Laissez bien la soie se déployer devant et derrière, n’oubliez pas que c’est la canne qui doit travailler, pas vous. Prévoyez une bonne réserve de soie libre dans la main gauche, une soie de 9 montée avec un gros streamer vous étonnera pas la quantité de soie qu’elle peut emmener avec elle au moment du shoot. Et gare à vos oreilles et à celles de votre équipier !

La pêche des carnassiers à la mouche se pratique de préférence dans des zones peu profondes (1 à 2 m) et encombrées. L’avantage de cette technique, c’est que la mouche reste à peu près en surface et qu’elle ondule lentement dans très peu d’eau. Donnez vie à vos leurres, faites frétiller les imitations d’insectes, avancer les grenouilles par courtes tirées, nager doucement vos alevins. Prospectez ainsi les bordures de roselières, les trouées des bancs de nénuphars, la proximité des arbres immergés, le dessus des herbiers.

L’attaque en surface est foudroyante et il est indispensable de garder son sang froid pour ne pas ferrer d’instinct. Attendez 1 ou 2 secondes que le poisson ait basculé et que vous sentiez son poids avant de ferrer. Et s’il a raté son coup sans se piquer, ce qui est fréquent, n’hésitez pas à relancer immédiatement au même endroit, vous avez toutes les chances qu’il se jette à nouveau dessus au deuxième passage.

Bonne pêche à tous !

 

RCA